Les idées reçues

 Sur le moyen courrier. 

Attention voici un article cent pour cent navions. Pour ceux que ça intéresse voici les légendes urbaines sur les différents rythmes..des oiseaux !

C’est moins mauvais pour la santé

Le vrai du faux :

Des TSV (Temps de Service en Vol) qui dépassent rarement les dix heures, presque toujours dans un lit au moment on est censé l’être et les escales les plus lointaines ont seulement deux heures de décalage horaire, pas de quoi transformer des braves gens en vampires. Avec plus de sommeil au compteur le corps dit merci.

Ce qu’on ne dit pas :

Le principal ennemi du moyen-courrier, c’est l’hiver. L'embarquement par deux portes grandes ouvertes en Europe de l'Est donne l'impression d'être bloquée dans un grand courant d'air, sans oublier les traversées du tarmac glacé dès l'aube. Nous avons donc tout le loisir d’attraper des trucs en ITE : bronchite, sinusite, pharyngite. Et avec les descentes successives, le cauchemar des hôtesses : l’otite barotraumatique.

Il y a moins de travail

Le vrai du faux :

Le service est simplifié, il y a moins de tout. En comparaison, le long courrier c'est la guerre : une quinzaine de chariotes multipliée par deux services, des fours brûlants, autant de berceaux à accrocher que de portes et d’allées (deux allées sur les gros porteurs), la moitié des écrans vidéos hors service car le système Pannasonique n’est pas conçu pour que tous fonctionnent en même temps. Et surtout, une cabine pleine à craquer, avec du monde pas toujours content qui t'agrippe le bras te sollicite. A perte de vue.

Ce qu’on ne dit pas :

C’est la complainte des serveuses automates : on répète ce travail enfantin trois ou parfois quatre fois d’affilées, et rebelote le jour d’après selon les rotations.

Quatre embarquements et débarquements, bonjour bonsoir merci AUREVOIR. Un en-cas salé ou sucré ? sucré ou salé ? sacr..SAOULE !

A la fin de la journée ton sourire est aussi naturel qu’une publicité pour dentifrice, les démonstrations de sécurité rappellent la chorégraphie des Village people et les annonces ont la tonalité d’un disque rayé.

C’est ma valise qui me traîne pour rentrer chez moi, le prochain qui me parle je le mords.

Il y a meilleure ambiance

Le vrai du faux :

Les petits équipages sont plus soudés, mieux vaut une cohésion maximale car sur des petits appareils n’importe qui peut être amené à prendre des décisions en cas de problème, et vite. C'est la grande débrouille, l'école de la vie, ça me rappelle les charters.De plus, sans dynamique de groupe ceux qui passent plus de temps à se plaindre qu’à travailler se trouve sans répondant car nous ne sommes que deux par galley, pas de surenchère négative et de la place pour la bonne humeur.

Ce qu’on ne dit pas : 

Les individus présents sur moyen-courrier sont les mêmes que sur long : des navigants. Mais la fatigue mortifiante du décalage horaire et des années de nuits blanches peuvent faire de ces derniers des êtres à l’équilibre physique et mental détraqué fragilisé. S'ensuit des comportements pas toujours cohérents, surtout lors des vols retours de nuit-O pléonasme. Sans aucune critique, je m’inclus dedans.

C'est moins fatiguant

Le vrai du faux : 

Tu peux ressortir de chez toi le jour où tu atterris sans considérer le monde extérieur comme une agression, et n’as pas envie de buter la terre entière après ta sieste.  

Ce qu’on ne dit pas : 

Sur long courrier tu n’es pas fatiguée. Tu es défractée déconnectée où suis-je quel jour on est ?

Mais au moins tu sais pourquoi.

C’est toujours la même chose

Le vrai du faux :

Les vols sont relativement semblables et les services varient peu. Quant au temps d’escale il varie entre treize et seize heures.

Ce qu’on ne dit pas :

"Bienvenue nous partons trois jours sur un quatre trois deux: aujourd’hui après un aller-retour Oslo sur Airbus 320 on change d’avion, demain trois étapes on raccroche une collègue à Roissy puis le lendemain en partant de Rome on passe en A321 pour les deux derniers tronçons." Gnié?

Et nos valises.. en soute, ou en cabine ? On doit les déposer puis les récupérer au pied de l’avion. " Sur A318 c’est mieux de ne pas prendre de valise, sinon les bagagistes les mélangent avec ceux des passagers et on perd du temps ! "

Et sur A319 ? Oh je ne sais plus vous m’embêtez, la journée est fini tout’ façon, allelui.. " JULIE, ta valise ! "

Quand on descend la passerelle le cœur léger on a j’ai tendance à l’oublier, heureusement il y a toujours quelqu’un pour me rappeler à l’ordre et revenir la chercher, orpheline près des réacteurs.

Tu maigris

Le vrai du faux :  

On s’ennuie moins car il n’y a pas de garde : moins de temps et de tentation de tester les plateaux de fromage et desserts qui restent en classe affaire.

Ce qu’on ne dit pas : 

En plus de nos plateaux repas on grignote toute la journée les petites choses diaboliques que l’on sert aux passagers et qui changent tous les mois : madeleines, glaces, muffins. Lors des vols supérieurs à deux heures il y a quand même une classe affaires, et sur les vols du matin on passe son temps à manger des croissants.

Tu as bonne mine

Le vrai du faux : 

Tu as bonne mine.

Ce qu’on ne dit pas : 

C’est juste ta tête normale. Et tu as moins pour succès pour Halloween.

Tu gagnes mieux ta vie

Le vrai du faux : 

Si on fait trois vols dans la journée on peut toucher trois indemnités repas. Que l'on ne dépensera pas car on mange dans l'avion. 

Ce qu’on ne dit pas : 

Les temps d'escale sont si courts qu'il faut une sacrée volonté pour aller dépenser quoique ce soit. Les plus motivés iront dîner, contrairement au long courrier où on a le temps d'enchaîner un resto après le pot équipage, puis le lendemain de faire du shopping. Havaianas à Rio (une vingtième paire? Indispensable!), contrefaçons en Chine, fringues en folies dans les magasins soldés de façon permanente aux Etats-unis.. autant de superflu qui vient encombrer votre espace vital et transforme vos placards en stand Emmaüs.