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Voyages, bagages et nuages: le point de vue d'une hôtesse de l'air dans des grands oiseaux en fer.

27 Feb

à vos postes ! Repos

Publié par Plume  - Catégories :  #Ciel

"Ça part dans dix minutes ! "

 

Ou comment avaler son plateau repas en un temps record si on part en premier dans ce fameux poste repos (ou CRC, Crew Rest Compartment). Essayez donc de dormir l'estomac plein.


C'est quoi le poste repos?


La partie la plus intéressante de l'avion, et la plus vitale : c'est l'endroit où l'on dort. 
Si, si , vous ne pensiez quand même pas que les hôtesses restaient éveillées ET bienveillantes pendant la totalité des longs courriers.. ? 


Bien entendu on ne déserte pas tous en même temps : la moitié de l'équipage sur le pont, l'autre dans les couchettes, puis on inverse. Nous sommes plutôt chanceux, beaucoup de compagnies se contentent des sièges des passagers.


Premier ou deuxième repos? On choisit - ou pas - selon le poste occupé dans l'avion : par exemple si on est en charge du galley ou non, tout en respectant le quota de personnes de garde qualifiées sur la machine.


Mais ou est donc ce fameux poste? 


Tout d'abord, on sépare le personnel navigant technique : les pilotes ont leurs postes repos près du cockpit.

Pour les hôtesses et stewards, ça dépend des avions : en haut à l'arrière de la carlingue sur Boeing, en bas au milieu sur Airbus.

 

De l'extérieur ça ressemble à des cloisons, accessibles par une porte championne du monde pour se bloquer. Il faut se rappeler d'un code qui vient s'ajouter à d'autres, avec parfois la nécessité d'avoir trois mains pour appuyer/pousser/tirer.                                                     

 

Derrière : des escaliers casse-gueule étroits, montant ou descendant selon le type d'appareil. La descente se fait en position rappel s'il vous plait, toujours face aux marches en cas de secousses.


Mon angoisse absolue: rester bloquée à l'extérieur en plein milieu de ma sieste après être allée aux toilettes. Ce qui m'est arrivée une fois, impossible de rouvrir cette fichue porte. Si on s'acharne on risque de réveiller les autres. En pyjama - le mien, avec une capuche -, j'ai dû traverser la cabine incognito jusqu'à la dernière porte et demander du renfort à une collègue qui m'a traité de Fantomette.

 

 

Et dedans? Une sorte de tunnel avec des couchettes des deux cotés, équipées de rideaux qui peine à tenir sur les tringles. Grand luxe chez Boeing, des lumières au sol comme au music-hall.

 

Airbus condense tout ça dans une petite tanière pièce en sous sol, huit lits superposés. Vous voyez l'entrée de la maison des enfants perdus? Oui, dans Peter Pan. 

 

 

Il y a tous les équipements réglementaires en cas de pépins.

On peut régler la température de manière à ce qu'il fasse beaucoup trop chaud ou beaucoup trop froid.  

L'air est très sec, il vaut mieux être super équipée pour survivre la dedans. Les habitués

emmènent leur bouillotte et sac de couchage. Pourquoi pas une lampe frontale tant qu'on y est. 
Mon kit de survie consiste en un masque qui laisse une trace magnifique, un pyjama, des bouchons d'oreilles et de l'eau, ne JAMAIS partir au poste repos sans une bouteille d'eau. J'empile le plus de couvertures possible.


On dort rarement d'un sommeil profond : il y a le bruit des réacteurs, l'obscurité très moyennement obscure et les loupiotes de lecture farceuses. Si ça bouge? Fort bien, les turbulences bercent. 
Difficile de s'assoupir à l'aller car ce n'est absolument pas l'heure de dormir, si c'est un vol de jour. Au retour impossible d'émerger: décollage après minuit heure française, donc entre trois et sept heures au moment de se coucher. 


Quand vient l'heure du réveil certains donneraient volontiers leur démission pour roupiller un quart d'heure de plus. Pas d'alarme, malheureux ! Quelqu'un est en charge (le pauvre) de réveiller l'équipage. Tout un art : faut-il tapoter gentiment à travers le rideau au niveau des jambes? ou du torse, au risque de manquer l'épaule et se prendre une tarte? 

 

Encore plus atroce si on est au milieu d'un rêve. Il y en a qui sortent de là direct, comment font-ils. Réponse: "Mes enfants". Fair enough.

 

L'avion n'est pas le meilleur endroit pour ce retour à la réalité, ô environnement hostile.  

 

"Ze veux pas y aller" :            

J'essaie de disparaître en me roulant en boule, sans succès.                                                          Si on est de deuxième repos, à peine le temps de rafistoler la coiffure et c'est parti pour le service du petit-déjeuner, avec l'esprit qui n'a pas eu le temps de se désengourdir en quinze minutes, l'inertie du sommeil paraît-il.


"Bien dormi?" 
C'est la question réthorique qui donne aussitôt des envies de meurtre, car l'on est de mauvais poil dans tous les cas. 


" Et vous ça s'est bien passé? "


"GENIAL, s'extasie Cyrale, ironique. Allez à ton tour, bonne garde!"


Aaaah, la garde, cette partie du vol comporte plus d'action. Mais je vous en parlerai une autre fois, c'est mon tour de repos.

PS : Les photos sont trouvées sur internet ou ont été prises à l'époque de ma première compagnie aérienne, étant en cdd respectueuse de mon employeur actuel.

 

à vos postes ! Repos
à vos postes ! Repos
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Y
Bonjour, c'est quoi un Galley ? uns sorte de pierre plate à envoyer à la surface de l'eau pour essayer de faire des ricochets ? un copain de Roger ???<br /> merci
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P
C'est l'espace où les hôtesses et steward préparent le service : les chariots, les containers en fer tout autour, la plonge..

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